top of page

Au Marché des arts du spectacle d’Abidjan (MASA), il y a non seulement de la scène mais aussi des rencontres entre professionnels. Autour du thème « Rémunération pour copie privée, quels enjeux pour l’industrie culturelle ? » experts des industries créatives, producteurs, managers d’artistes, artistes créateurs et autres acteurs culturels se sont retrouvés pour des échanges au Palais de la culture d’Abidjan.

Grand nombre d’artistes africains n’arrivent pas à vivre pleinement de leur création. Dans certaines filières dont particulièrement la musique, on note très souvent des succès communicationnels et médiatiques tandis que certains de ces talents croupissent dans la misère. Laquelle situation suscite des interrogations. L’une des réponses probables est le phénomène de la piraterie o copies illégales des œuvres. Afin de permettre à ces créateurs de mieux tirer une bonne part de profit de leurs oeuvres, des experts culturels ont pensé une forme de rémunérations pour copie privée. En terme clair, cela veut dire que si un mélomane paye un CD, il n’a pas le droit de le copier sur un autre support sans reverser une compensation à son créateur.

C’est toute la sève nourricière du débat qui a été menée le 15 mars dernier dans la salle Niangora Porquet en marge de la 10e édition du Masa. Le directeur général du Bureau burkinabè du Droit d’auteur (BBDA), Wahabou Bara, paneliste du jour a dans son speech évoquer « l’impact de la rémunération pour copie privée sur le revenu des artistes ». Convaincant, le technocrate et expert culturel a étayé de façon très explicite le modèle burkinabè sur la rémunération pour copie privée.

Selon lui, cette manière de procéder est légitime et s’avère une forme de justice pour les créateurs. « Dans notre loi de 1999 figure la question de la copie privée. Mais sa mise en œuvre a été effective en 2004. C’est à partir de là que nous avons constaté que la copie privée constitue 60% des perceptions du BBDA », a informé Wahabou Bara. Au Burkina Faso, la perception sur copie privée est faite automatiquement au niveau de la douane qui la reverse au BBDA. Quand on paye une clé USB, un ordinateur ou une tablette, la commission est perçue automatiquement à la douane. Et c’est ainsi que ça fonctionne.

En Côte d’Ivoire tel n’est pas le cas. Cela fait maintenant des années que les créateurs attendent toujours la fameuse signature de décret de la mise en application de la rémunération sur la copie privée. Successivement de Yao Norbert Etranny à l’actuelle DG du Bureau ivoirien du droit d’auteur (BURIDA), Vieira Assa Irène, la plaidoirie continue. D’ailleurs, cette dernière dans son intervention a fait l’état des lieux de la copie privée en Côte d’Ivoire avant de décliner le défi à relever et les perspectives. Galvanisé par le modèle burkinabè, la directrice du BURIDA a invité son gouvernement à s’en inspirer pour permettre aux artistes ivoiriens de vivre pleinement de leurs créations.


Présent en Côte d'Ivoire dans le cadre du MASA, le ministre burkinabè de la Culture des Arts et du Tourisme, Abdoul Karim Sango a été reçu le 12 mars par la délégation burkinabè présente à la manifestation, dans son site d’hébergement à Marcory. Il s’est agi d’une visite de civilité qui visait aussi à s’imprégner des réalités que rencontrent ses ambassadeurs de la culture, venus défendre les couleurs de la patrie des Hommes intègres à Abidjan. Entre autres sujet, le ministre burkinabè de la Culture est revenu sur certains sujets notamment la Semaine nationale de la Culture (SNC) de son pays qui se tiendra dans quelques semaines à Bobo-Dioulasso.

En tant que premier responsable du patrimoine culturel burkinabè, Abdoul Karim Sango dans un échange à bâton rompu avec les artistes et autres professionnels burkinabè prenant part au Masa, a laissé entendre qu’il ne pouvait pas être à Abidjan sans trouver un créneau de rencontre avec ses compatriotes. « Vous faites la fierté de notre culture et du pays. Je voulais m’assurer que vous êtes dans des conditions acceptables », a-t-il indiqué. Se sentant rassuré de l’hospitalité que le chef de la délégation burkinabè au Masa, Clovis Ouédraogo l’aurait signalé, il n’a pas hésité à laisser entendre son cri de cœur. « Le Masa n’a rien à voir avec ce qui se passe à la Semaine nationale de la culture (SNC), j’en ai l’impression ». C’est à ce juste titre qu’il souhaiterait que tous les acteurs culturels s’en inspirent pour un accueil aussi confortable pour les artistes étrangers qui viendront à Bobo-Dioulasso dans quelques jours. Il s’est ensuite excusé de ne pouvoir rien faire pour les difficultés rencontrées sur place car n’ayant pas été avisé à temps. « Je vais vous présenter mes excuses pour les petits désagréments. Je n’ai pas bien compris exactement ce qui se passait avec vous et tout ça. On m’a bien dit qu’il y a des Burkinabè qui viennent à Abidjan et je pensais qu’un certain nombre de dispositions de façon naturelle sont prises. C’est après qu’on m’a dit ceci cela et à la dernière minute vous ne pouvez pas régler beaucoup de chose. Je pense qu’il faut regarder l’avenir et de tirer les leçons pour que les choses se passent mieux prochainement », a-t-il expliqué.

La prochaine SNC et ses conditions d’hébergement

Le ministre s’est en outre prononcé sur l’évènement culturel majeur à Bobo-Dioulasso les prochaines semaines. Après une doléance faite sur l’amélioration des conditions d’hébergement et surtout de l’organisation de notre marché des arts du spectacle, le garant administratif de la symbolique culturelle burkinabè en toute franchise a signifié complètement ne pas être en mesure de faire quelque chose en si peu de temps. « Je propose que l’on se retrouve avec tous les acteurs culturels concernés pour les états généraux de la SNC afin de voir comment sortir de ce format. Pour les éditions à venir ».

Pour marquer la fin des échanges, c’est le doyen, le promoteur des Nuits Atypiques de Koudougou (NAK), Koudbi Koala qui a galvanisé ses compatriotes en les invitant à accompagner le ministre dans sa gestion du patrimoine culturel.


Le MASA, plus grand marché des arts de la scène en Afrique, ouvert officiellement le 10 mars 2018 à Treichville à Abidjan bat son plein. Avec plusieurs centaines de spectacles et de représentations, c’est plus de 1300 festivaliers venus de 65 pays du monde qui participent à ce pèlerinage africain des arts et de la culture. Cette édition qui marque les 25 ans de la manifestation est l’occasion d’une nouvelle dynamique pour ce marché.

Korhogo, Bouaké, Bondoukou, Tiassalé, Yamoussokro et Abidjan ont été habillés de leurs plus belles couleurs depuis plusieurs semaines à travers une caravane pour l’occasion. La Côte d’Ivoire toute entière vibre au rythme des 25ans du MASA. Pour l’ouverture, ils étaient des milliers, les festivaliers, à prendre d’assaut la somptueuse cuvette du Palais de la culture d’Abidjan pour la célébration des noces d’argent de ce grand rendez-vous.

Au culte solennel d’ouverture, le ton a été donné par le Chœur Redemptoris de la Côte d’Ivoire qui a repris de façon harmonieuse l’Abidjanaise pour installer les officiels au nombre desquels le ministre ivoirien de la Culture et de la Francophonie, Maurice Kouakou Bandaman et son homologue burkinabè en charge de la Culture, des Arts et du Tourisme, Abdoul Karim Sango et bien d’autres. Entre différentes allocutions et prestations, le tempo est ainsi donné pour le MASA 2018 sous le thème : « Quels modèles économiques pour les arts de la scène ? ».

Musique, danse, théâtre, humour, conte, poésie, slam, arts de la rue, mode, rencontres professionnelles, animations et aussi des tables rondes autour du thème central, telles sont les articulations du programme qui se déroule depuis le 10 mars dernier.

Abidjan désormais "fenêtre du monde des arts"

Le Marché des Arts du spectacle Africain demeure le MASA mais rebaptisé en Marché des Arts du spectacle d’Abidjan.

En effet, depuis ces dernières années, le partage et les échanges culturels dans cet espace ne se sont plus limités seulement aux professionnels de l’Afrique. Le MASA est un devenu un précieux label où tous les professionnels du monde ont souhaité y prendre part, à en croire le ministre ivoirien en charge de la Culture. A un certain moment il fallait redéfinir une vision plus grande de ce festival des arts de la scène qui n’a cessé de gagner du terrain. Le MASA à sa naissance, avait pour ambition de « faire la promotion des artistes africains. Il n’avait pas une ouverture au monde et cela ne permettait pas vraiment de rentabiliser et de permettre aux artistes de vivre de leur métier. Nous avons alors décidé de l’ouvrir au monde et c’est ce qui a été fait officiellement en 2016 », a expliqué Maurice Kouakou Bandaman. Cette 10e édition a enregistré des pays d’Afrique et de sa diaspora mais aussi des pays du monde tels que le Japon, le Mexique, l’Inde pour ne citer que ces pays-là.

Le Burkina Faso au MASA

A noter encore cette année sur les abords de la lagune Ebrié, une participation assez significative des acteurs culturels burkinabè !

Si dans la sélection officielle on ne peut signaler que le Collectif Qu’on sonne et voix-aile (catégorie slam) et le groupe Dodo (catégorie arts de la rue), néanmoins on remarque cette année encore une forte présence d’artistes, de managers, de promoteurs de spectacles, d’administrateurs culturels, etc. du pays des Hommes intègres. Cette délégation avec à sa tête le premier responsable du département en charge de la Culture se taille une part belle au MASA 2018.

Entre autres, sont présent à Abidjan pour la sélection Off la troupe Kantigui de Orodara, Marie Gayerie et son équipe, la musicienne Rama, KPG conteur, l’humoriste la Jaguar, Malika la Slameuse, Pamika, etc.

A préciser que tous ces artistes burkinabè y participent de leurs propres frais et ne sont pris en charge visiblement qu’au niveau de l’hébergement et de la restauration. Aussi, sans cachet, ils disposent d’une enveloppe du MASA en guise de per diem. Ainsi donc, chaque artiste ou groupe d’artistes a payé les frais de transport de son équipe en plus des frais de répétition depuis le pays afin de parvenir à Abidjan. C’est un geste louable, et quand on veut on peut ! Chapeau !

Ces actes forts témoignent non seulement du professionnalisme mais aussi du dynamisme de nos artistes qui au-delà, de considérer la Côte d’Ivoire comme un pays frère, en ont fait leur propre patrie. Il n’y a pas seulement que les artistes ; sont également présent des promoteurs et autres professionnels burkinabè du monde du spectacle à savoir Koudbi Koala des Nuits Atypiques de Koudougou, Alif Naaba de la Cour du Naaba, Salif Sanfo de Ouistiti d’Or, Gerard Koala du Festival Ouaga - New-York, Boniface Kagambega du festival Rendez-vous chez nous, Anselme Sawadogo de Jazz à Ouaga, Bazemsé, la comédienne Samira Sawadogo dite inspectrice Mouna, le directeur général du CENASA,...

Partenaires

    Vous aimez notre plateforme? Merci de faire un don pour contribuer à son développement !

Faire un don avec PayPal

© OtherSide Africa 2018 par Belélé Jérôme William

bottom of page