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Cinq œuvres de Venance Konan

Il est beaucoup plus connu en tant que journaliste ; mais depuis un certain temps, Venance Konan a ajouté une autre corde à son arc, notamment celle d’écrivain. Auteur de plusieurs ouvrages, le désormais journaliste-écrivain vient de présenter dans la capitale burkinabè une série de livres à travers une cérémonie de dédicaces le samedi 14 septembre 2013 à Ouagadougou.


Il n’est plus à présenter dans le monde de la presse francophone et le sera encore moins dans le milieu de la littérature. Grand prix littéraire d’Afrique noire 2012, Venance Konan, journaliste ivoirien, Directeur général du groupe Fraternité Matin, était à Ouagadougou pour la présentation de cinq de ses toutes dernières œuvres.


Désormais journaliste, romancier et écrivain, Venance poursuit sa chevauchée dans l’écurie de l’écriture littéraire. En effet, après plusieurs publications dont la première, « Robert et les Catapilas », parue en 2003, il vient de mettre sur le marché 5 nouvelles œuvres au profit des lecteurs qu’il est venu présenter aux Burkinabè. Elles sont respectivement « Les catapillas, ces ingrats », « Le Rebelle et le camarade président », « Nègreries », « Edem Kodjo, un homme, un destin » et « Les prisonniers de la haine ». Au cours de cette dédicace intervenue à Ouagadougou, l’auteur a présenté aux hommes de médias ainsi qu’aux littéraires et au grand public ses récentes publications. Dépeignant de façon sarcastique le vécu des populations africaines, à travers ses ouvrages, l’auteur relate avec une certaine tendresse et une vivacité entraînantes les engouements de l’âme africaine, sa joie de vivre, sa spontanéité et ses naïvetés. Pour l’auteur, la cohabitation n’est pas toujours facile entre allogènes et autochtones. Ce thème sensible conduit souvent à des dérapages, qu’il dépeint d’ailleurs dans « Les catapilas, ces ingrats ». Celui qui écrit pour, dit-il, « se guérir » de toutes les meurtrissures vécues par son pays affirme qu’il continuera d’écrire pour « chasser définitivement les vieux démons du pays ». L’ambassadeur de la Côte d’Ivoire, Abdou Touré et la ministre Koumba Boly, présents à cette cérémonie, n’ont pas manqué de relever « le talent et le courage » de l’auteur qui, selon eux, n’écrit pas seulement pour les Ivoiriens mais pour toute l’Afrique.

Jérôme William Bationo


C’est une vieille dame qui réside à côté du Musée national. Une nuit, des jeunes gens en colère s’en sont pris à elle. Avec une violence inouïe. Et personne ne s’est émue.

J’ai pris sur moi de vous écrire pour dire ma révolte face au sort que de jeunes malappris de la capitale vous ont fait subir.

Je ne connais pas votre nom, mais je vous appellerai bien Yaaba car c’est ainsi que personnes âgées sont affectueusement nommées ici. Depuis 2007, je vous ai toujours vue à côté du jardin en face du Musée national. Au début, j’ai cru que vous faisiez la mendiante comme la plupart des vieilles femmes qui sont aux feux tricolores mais j’ai vite compris que vous n’étiez pas de cette engeance.

Vous aviez un port si altier, une constante dignité dans le maintien qui laissent deviner que vous êtes d’une noble extraction. Me soit souvent demandé de quel royaume vous étiez la princesse ? Le collier de perles et les bracelets aux manches font penser aux Zoulous. Vos yeux bridés ajoutent à votre mystère. Etes-vous issue d’un métissage entre l’Afrique australe et l’Asie mineure. Loin de tendre la sébile, vous offrez plutôt un regard bienveillant et maternel aux Ouagalais qui marquent un arrêt lorsque le feu est au rouge.

J’ai constaté que le temps n’avait aucune prise sur vous. Depuis que vous avez pris place à proximité de l’Hôpital pédiatrique, vous avez conservé le même teint et le même visage lisse. Votre coiffure est restée intacte, elle ne s’est jamais effilochée.

Les rayons du zénith vous faisaient étinceler comme si vous étiez parée d’or et la lumière de l’aube vous donnait un teint vif d’argent en fusion. Même la fine poussière de Ouaga qui transforme les visages en masques de latérite vous glissait dessus comme de l’eau sur une plume d’oie. Votre petite taille a toujours intrigué mais on m’a souvent dit que les personnes de petite taille résistaient mieux aux outrages des années.


Et voilà que depuis cette nuit maudite, vous avez perdu votre éclat. Du cambouis a noirci votre visage. Le regard s’est voilé et même une grande lassitude semble peser sur vos épaules.

Mais pourquoi ces jeunes hommes qui vous connaissent s’en sont pris à votre intégrité physique. Votre grand âge ne les a même pas intimidés. On a dit qu’ils étaient en colère contre les autorités de la cité. Légitime est peut-être leur colère mais inexcusable est cette explosion de violence sans discernement. Qu’avez-vous à y voir dans les affaires de la cité? Ils ont, semble-t-il, commencé par brûler des pneus sur le boulevard et ériger des barricades sur le boulevard. Ensuite, ils s’en sont pris à vous.

Mon cœur saigne quand je pense à ce qu’ils vous ont fait subir. Ils vous ont d’abord enfumée les yeux et la gorge avec l’incendie des pneus avant de vous passer des pneus autour du cou, de vous arroser d’essence et de craquer… une allumette. Ils pensaient vous transformer en torche humaine qui se mettrait à courir en tous sens avant de s’effondrer, réduit à un petit tas de cendre. Mais vous êtes plus forte qu’eux.

Vous êtes restée debout. Admirable résistance. Mais ce visage qui brillait sous les rayons du soleil comme si vous étiez revêtue d’or et luisait tranquillement sous la clarté de la lune la nuit, ce beau visage est devenu tout noir de suie. Votre regard s’est voilé de noir et vos habits sont tous sales. Honte à eux !

Est-ce votre calme regard qui les irritait ? Est-ce votre immobilité au milieu de leur fébrilité ? Pauvre jeunesse qui ne sait que la désapprobation peut être mutisme, qui ignore que la douleur est silence et ne s’épanche pas bruyamment.

Mais je m’offusque aussi contre tous les Ouagalais qui, depuis cette terrible nuit, vous regardent et ne font rien. Vous vous dites que le monde a bien changé. Que les Ouagalais sont devenus bien indifférents. Vous avez raison. Aucun n’a osé s’interposer pour vous protéger des vandales et après l’outrage, aucun n’a daigné s’arrêter et vous tendre sa serviette pour vous essuyer votre visage. Seul le ciel a été compatissant, il a ouvert ses vannes pour vous offrir une toilette mais cela n’a pas suffi à vous rendre votre éclat.

A ces jeunes qui vous ont malmenée, je leur souhaite de vivre vieux et de subir l’outrage des jeunes impertinents. Ils comprendront à rebours votre grande peine.

Malheureusement, ils ne seront jamais à votre place. Vous êtes d’airain. Eux, sont d’anonymes pyromanes. A ceux qui jugeront ma colère exagérée parce qu’il y a tant d’autres problèmes plus graves, je leur rétorquerai que ce n’est pas parce que vous êtes de chair et de sang que vous n’êtes pas important. Vous êtes une sculpture. Une œuvre d’art. Et s’attaquer à une statue est lâche car elle ne peut se défendre.

Si nous nous sommes permis de vous adresser cette lettre, c’est pour vous assurer que tout le monde n’est pas indifférent à Ouaga. Et aussi pour dire aux indifférents que lorsqu’on s’en prend au patrimoine artistique, cela annonce souvent des lendemains qui déchantent.

Saïdou Alcény Barry

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Thekla Worch-Ambara, directrice du Goethe Institut

«Ouaga 2013, notre meilleur chantier »

Installé au Burkina Faso depuis 5 ans, le Goethe Institut contribue à la découverte de la Culture allemande et au développement de la nôtre à travers plusieurs collaborations avec des structures locales et diverses activités, notamment des expositions, des projections de films, des soirées de spectacles, etc. Pour connaître davantage cette institution, nous sommes allé à la rencontre de la directrice de cet espace, Thekla Worch Ambara, le lundi 15 juillet 2013 à Ouagadougou.



Qui êtes-vous pour nos lecteurs ?

Je suis Thekla Worch Ambara, directrice du Goethe Institut, le Centre culturel allemand qui existe au Burkina Faso depuis 2008.

Comment pouvez-vous présenter davantage cette structure ?

Le Goethe Institut est une structure indépendante qui est chargée officiellement par l’Etat allemand de présenter l’Allemagne au niveau culturel à l’extérieur. Nous avons plusieurs domaines d’actions que sont la coopération culturelle entre notre pays et celui d’accueil, le volet apprentissage de la langue allemande à travers plusieurs activités, dont celle de la bibliothèque du département d’information. Au Burkina Faso tout n’est pas encore bien établi car ce n’est qu’un bureau de liaison pour le moment, qui a juste pour mission la promotion culturelle. Mais j’ai un collègue qui est basé au Mali qui s’occupe de la collaboration avec les établissements. Ici nous travaillons avec les lycées Bogodogo et Mixte de Gounghin à travers la formation des enseignants et bien d’autres activités pour favoriser l’apprentissage de l’allemand.

Quel est l’historique du Goethe Institut en Afrique ?

Le Goethe Institut a été fondé après la seconde Guerre mondiale avec pour but de promouvoir la culture allemande. Nous sommes présent en Afrique il y a plus de 50 ans, notamment dans des pays comme le Cameroun et le Ghana où nous sommes très bien structuré.

Vous êtes la deuxième responsable en 5 ans d’existence du centre au Burkina Faso; quelles sont vos réalisations jusque-là ?

Mon prédécesseur, Peter Stepan, s’était engagé beaucoup dans le domaine des arts plastiques au Burkina Faso et, depuis, je continue dans cette lancée à travers des partenariats avec différentes structures et des artistes individuels, ce qui a permis une certaine émergence de ce volet des arts ici. Il y a un grand dynamisme dans le secteur culturel au Burkina Faso, mais les arts plastiques ne sont pas jusque-là très bien connus comme le cinéma, le théâtre et d’autres arts ; c’est pourquoi on s’est engagé à soutenir ce secteur à travers des expositions, des formations, etc.

Comment se passe votre collaboration avec les autorités politiques du Burkina Faso, notamment avec le ministère en charge de la Culture ?

C’est une très bonne collaboration car on a été très bien accueilli et, à tout moment, elles nous accompagnent en venant assister à nos évènements. Surtout avec notre projet « Ouaga 2013 » cette année, il y a le ministère de la Culture et du Tourisme avec son département des arts plastiques qui s’est intégré à la création et à la mise en place. Aussi, avec la mairie, nous avons une très bonne collaboration et j’en suis ravie.

Et avec les acteurs culturels dans l’ensemble ?

Nous aimerions bien qu’il y ait plusieurs collaborations ; c’est donc en échangeant avec les différentes structures et artistes qu’ensemble nous créons des projets ; que chaque structure puisse contribuer avec ses moyens. Il y a « Ouaga 2013 » où nous avons pu réaliser un projet en réunissant plusieurs partenaires à travers des discussions. Ce n’est pas toujours facile, mais ça vaut le coup d’intégrer les différents partenaires et de créer ces projets ensemble. Il faut toujours associer les acteurs locaux pour ne pas susciter des programmes qui n’ont aucun impact au Burkina Faso. Il faut avoir une vision qui soutient le développement du secteur, et ces échanges sont très importants.

Quels sont concrètement les acquis que l’on peut retenir ?

Il y a des acquis avec le Centre photographique de Ouagadougou (CPO), la structure Face-o-sceno et, sur le plan des arts plastiques, nous avons la fondation Bras-ouverts, Hangar onze, la villa Yiri suma, etc. Il y a également plusieurs partenariats qui sont là, avec l’association des conteurs et l’Ecole des ancêtres avec un projet régional, la Caravane du conte, qui a déjà eu lieu au Sénégal, au Togo et en Côte d’Ivoire ; cette année c’est au tour du Burkina Faso d’accueillir cet évènement en septembre prochain. C’est une activité qui a été créée en Côte d’Ivoire et notre partenaire au niveau local c’est l’Ecole des ancêtres, qui, d’ailleurs, a participé à l’édition dernière. Nous travaillons aussi avec l’espace Gambidi. C’est souvent des partenariats infrastructurels et, après, d’autres collaborations naissent.

Quel regard portez-vous de façon générale sur la Culture au Burkina Faso ?

J’ai un regard très positif sur la Culture burkinabè car je suis chaque fois impressionnée par le dynamisme et la diversité de la Culture et par l’engagement personnel des acteurs à travers leurs structures et leurs plans d’actions. Je trouve que beaucoup de choses sont très développées ici par rapport à d’autres pays de la région. Il y a le cas du Carrefour international de théâtre de Ouagadougou (CITO) qui a abattu un travail énorme pour avoir un public super et des pièces assez riches. Même en Europe avec le théâtre se pose la question de savoir comment avoir un public plus jeune ; mais le CITO l’a réussi et c’est formidable.

La Culture a été identifiée à travers la Stratégie de croissance accélérée pour le développement durable (SCADD) comme un pilier du développement ; que peut-on attendre de la Coopération allemande à travers le Goethe Institut pour l’atteinte de cet objectif ?

Je ne peux pas parler au nom de la Coopération allemande mais, pour le Goethe Institut, il faut s’attendre à l’appui dans une réflexion artistique. Comment l’art peut contribuer concrètement au développement ? Qu’au travers de ça qu’il y ait le développement du secteur économique, avec les pièces, les œuvres d’art, etc. Nous avons également, à travers les différents volets de notre centre, la possibilité de créer un réseau qui peut contribuer aux échanges pour un développement.

Quel bilan peut-on faire de ce premier semestre 2013 en termes d’activités de votre structure ?

Effectivement, avec la saison pluvieuse, nous sommes en pause ; nous avons eu notre dernière activité du semestre au village Opéra de Laongo. Jusque-là on a eu le projet « Ouaga 2013 », nos projections, qui vont d’ailleurs continuer en septembre ; plusieurs expositions ont eu lieu mais il y a beaucoup d’évènements qui sont en prévision. Avec « Ouaga Hip hop » on va abriter un évènement, en août on accueillera une compagnie de danse en collaboration avec le Centre de développement chorégraphique (CDC) La termitière, il y aura aussi la Caravane du conte dont j’ai parlé tantôt et le Carrefour des arts plastiques. Il sera donc difficile pour moi de faire un bilan maintenant, car il y a encore beaucoup d’autres évènements à venir. Ce que je peux retenir c’est le projet « Ouaga 2013 » où nous avons réussi un certain dynamisme de plusieurs structures.

Quelques journalistes ont bénéficié d’une formation sur la critique d’art en octobre 2012 à travers votre institut ; d’autres initiatives de ce genre sont-elles en prévision ?

Nous n’avons rien prévu de ce genre pour le moment mais nous y penserons.

Quelle est la part que vous accordez, dans vos activités, à la presse culturelle burkinabè?

On propose pour le moment des échanges avec les différents acteurs à travers nos évènements. Nous attendons que notre site se mette en place pour que nous puissions de plus en plus collaborer

Quelles appréciations faites-vous de la participation du public à vos différentes activités ?

Je suis satisfaite ; nous sommes dans une période où nous changeons les différents modules de nos activités qui sont de plus en plus hors du centre mais, dans l’ensemble, ça va. Nous envisageons aller à la rencontre des populations hors de la ville si nous trouvons des espaces appropriés qui ont les équipements adéquats. Néanmoins, il faut noter que notre emplacement en face de l’université permet à beaucoup d’étudiants de participer à nos activités.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la réalisation de vos activités ?

Il y a toujours de petites difficultés pour toute chose, mais en général ça va, il n’y a rien de majeur. Les Burkinabè sont ouverts que ce soit au niveau des expérimentations artistiques que d’autres aspects.

Vous êtes directrice de ce centre il y a de cela 1 an et demi ; comment se passe votre intégration ?

En tant que responsable du Goethe Institut il y a effectivement peu de temps, mais je connais le Burkina Faso depuis 2006 pour y avoir fait un stage aux Récréatrales. Ce qui est particulier ici, c’est que tous ceux qui passent une fois ont toujours envie de revenir, à cause de la chaleur humaine ; c’était également mon cas et j’ai eu la chance de revenir en tant que directrice du Goethe Institut. Mais, avant tout, cela je suis revenue plusieurs fois après mon stage. J’ai une petite vision du Burkina Faso qui me sert beaucoup dans mon travail. Je me sens très bien accueillie ici et je suis impressionnée de la manière que la population vit en harmonie malgré les diversités culturelles et religieuses. C’est vraiment merveilleux.

Votre coup de cœur pour la culture burkinabè ?

J’aime beaucoup le théâtre car j’ai étudié les arts dramatiques et j’ai travaillé aux Récréatrales. Ce qui, d’ailleurs, amène beaucoup de gens à me demander pourquoi je n’ai pas assez d’activités théâtrales. Mais on est déjà sur une lancée que je ne veux pas interrompre. En dehors de la culture, il y a ce paysage hors de la ville qui me fascine énormément.

Quels sont les grands chantiers du Goethe Institut les années à venir ?

C’est d’abord continuer la démarche dans laquelle nous nous sommes inscrit avec les arts plastiques. Aussi, avec des projets comme « Ouaga 2013 », mener des réflexions pour évaluer l’impact de l’art dans l’espace public urbain car l’art ne se crée pas hors d’un contexte. Nous voulons en somme travailler à positionner l’art au Burkina Faso.

Une adresse particulière…

Tout d’abord je dis merci à votre journal et au public ; et je lance une invite à tous les Burkinabè à venir découvrir notre espace qui est ouvert à tous.

Jérôme William Bationo

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