top of page

«Nuit blanche à Ouagadougou»


Une pièce prémonitoire ?



«Nuit blanche à Ouagadougou» mis en scène par Serge-Aimé Coulibaly et interprété par la compagnie «Faso danse théâtre», entre la danse, le théâtre et la musique,  laisse libre place à la conjugaison de ces trois disciplines. Cette pièce, si on peut l’appeler ainsi, jouée à l’occasion des Récréâtrales 2014, efface les frontières qui existeraient entre ces différents arts de la scène. Outre cela, au vu de son message et des évènements qui se sont succédé au Burkina à la suite de sa représentation, on est tenté de se demander si cette pièce n’était pas prémonitoire. 




La musique et le slam parcourent toute la pièce aux côtés d’une présence non insignifiante de la danse. «Nuit Blanche à Ouagadougou» est-elle une représentation de danse, un spectacle de musique ou une pièce théâtrale ? Le choix de ces trois disciplines par le metteur en scène s’adapte plus aux messages du spectacle qu’à toute autre chose. Un mélange de genres. Une symbiose pour le même but. 


Sur une place publique, à la suite d’un grand mouvement social violent, différents personnages  se retrouvent et revivent le film des événements entre fiction et réalité…Certains jouent leur propre rôle, des personnages fictifs s’invitent sur la place. Peu de paroles, en dehors de l’éloquente déclamation du rappeur Smockey, l’un des comédiens de la pièce.

«Quand on naît et grandit dans des pays où la situation politique a un impact énorme sur les gestes les plus simples de la vie quotidienne, créer devient un acte politique ; et il l’est incontestablement pour le danseur et chorégraphe que je suis», a expliqué Serge-Aimé Coulibaly.


«Nuit blanche à Ouagadougou» est un voyage nocturne à travers une ville africaine, celle de Ouagadougou, une nuit parmi d’autres, avec tout ce qu’elle pourrait offrir de surprenant, d’inattendu, d’ambigu… Un voyage qui s’inspire d’événements qui ont récemment fait l’actualité dans plusieurs villes du continent. Jouée, entre autres, par Marion Alzeu, Serge-Aimé Coulibaly, Adama Nebié, Serge Bambara alias Smockey… à l’orée de l’insurrection populaire qui a eu lieu au Burkina, cette pièce en dit long. D’ailleurs, quand on connaît le rôle de l’un des comédiens principaux, le dernier cité, avec le mouvement «Balai Citoyen», dans cette «révolution populaire burkinabè», on est tenté de se poser des questions. Etait-ce un message ou juste de la prémonition ? Nul ne peut y répondre.


Depuis quelques années, les créateurs gomment de plus en plus les frontières entre différentes expressions artistiques. De nouveaux choix qui se complètent aisément et installent un dialogue intense entre le public et les artistes. Une belle manière d’unir les créateurs et d’inviter plus à la solidarité comme l’esprit des Récréâtrales l’a amorcé cette année en regroupant un nombre inestimable d’artistes venus de dix-sept pays du monde.


Jérôme William Bationo

  • 2 min de lecture

3e Rentrée littéraire

En hommage à Jacques Prosper Bazié

La troisième rentrée littéraire organisée par la Société des auteurs, des gens de l’écrit et du savoir (SAGES) se tient depuis le 23 octobre 2014. La particularité de la présente rentrée c’est qu’elle est en hommage à l’écrivain émérite burkinabè Jacques Prosper Bazié décédé le 30 septembre dernier.



Des conférences publiques, des séances de dédicaces de livres et une grande soirée de récompenses, ce sont là les grandes articulations qui ont la rentrée littéraire 2014 au Burkina. Organisé pour la 3e fois consécutive par la Société des auteurs, des gens de l’écrit et du savoir (SAGES), l’évènement se tient cette année sous le thème «Production littéraire, meilleure capitalisation pour un développement durable». Le choix de cette thématique n’est pas fortuit. Il vient à point nommé car «il permet la valorisation des œuvres de nos écrivains et leurs auteurs qui restent méconnus du grand public», a ainsi expliqué Dr Dramane Konaté, président de la SAGES. Ce thème permettra de mettre a-t-il expliqué.

l’accent sur le développement économique, social et culturel que peut apporter le livre. L’écriture quitte ainsi la fiction et devient utilitaire en se rapprochant du monde des affaires et des analystes du développement,


Certes, la particularité de la présente édition réside dans son thème mais surtout en l’hommage qui sera rendu à Jacques Prosper Bazié, vice-président du conseil de la SAGES. Décédé cette année, cet homme des lettres était «grand en pensée, dans l’écriture et dans la sagesse», reconnaissent les organisateurs de la rentrée littéraire, d’où la soirée de récompenses, «Calamu» ce jour même 25 octobre qui lui sera dédiée.La journée du 24 octobre a consacré la dédicace de “Faut-il désespérer de l’Afrique?” de Boureima Jérémie Sigué, directeur de publication des Editions Le Pays.

La rentrée littéraire est une manifestation annuelle qui regroupe autour d’une série d’activité, des hommes de lettres, de culture, des savoirs ainsi que les acteurs du livre. L’enjeu culturel de cet évènement est de contribuer à une meilleure présence des productions littéraires burkinabè, non seulement dans les programmes d’enseignement, quand on sait que ceux-ci n’occupent que 10% de ces programmes, mais aussi dans la société mondiale de l’information et des savoirs.

L’édition 2014 de la rentrée marque l’encrage de la SAGES dans le monde du livre au Burkina Faso avec une fondamentale expérience dans la promotion des œuvres de l’esprit. Créée en 2011, cette structure a à son actif, entre autres, une trentaine d’ouvrages dédicacés, des conférences publiques afin de mettre les auteurs en relations avec leur public et les rentrées littéraires depuis 2012.

Jérôme William Bationo

Hommage à Amadou Bourou

Seydou Boro et Alain Hema ressuscitent «Sarzan»


Mise en scène par Amadou Achille Bourou, décédé le 8 janvier 2010, «Sarzan» est une représentation tirée d’une nouvelle de Birago Diop. En marge des Récréâtrales, les «fidèles lieutenants» de l’illustre disparu ont tenu à lui rendre hommage à travers la représentation de cette pièce Entre expressions poétiques et gestuelles, Seydou Boro et Alain Hema, les comédiens qui l’ont portée à l’origine en 1994, tentent de ressusciter cette création.

20 ans après sa mise en scène, le temps n’a pas eu raison des comédiens de «Sarzan». En effet, Seydou Boro, beaucoup plus connu sous la casquette de danseur-chorégraphe et Alain Hema, comédien-metteur en scène, tiennent bien leur rôle dans cette pièce. Les deux acteurs dans cette représentation laissent libre cours à leur savoir-faire à travers expressions gestuelles et déclamation poétique. 


D’entrée, le tango de Seydou Boro, le sergent Tiémoko Keita, annonce les couleurs. Il y aura bien quelques pas de danse par là. S’en suit, avec volubilité un long récit d’Alain Hema, le Commandant de cercle. Tel un griot, ce dernier redessine ce qu’avait été Dougouba, cette cité au cœur de l’Afrique occidentale française d’où est parti un jour un jeune soldat, Tiémoko Keita, pour servir sa métropole, la France. Dans ce spectacle, où, au rythme du tango ou du son des balafons ; la danse est effectivement bien présente, la symbolique de la gestuelle en dit long. Entre autres, de la danse classique occidentale à la cadence des tam-tams africains, le rapport conflictuel entre les deux cultures est posé. L’une très calme et froide dite moderne et l’autre très chaude, manifestée par des sonorités et moult pratiques, traitée de «manière de sauvages». 

Une gestuelle qui efface la parole

Dans «Sarzan» on retrouve donc un jeu de corps et une gestuelle qui, par moment, efface la parole pour donner la place à la liberté d’interprétation. Si la symbolique du rythme et de la gestuelle ici se veut le fort de la civilisation noire, dans cette pièce, Sarzan qui les interprète est un inféodé de la culture occidentale. Cependant, on retrouve des explications des croyances traditionnelles africaines à travers une narration d’Alain Hema. «… Ceux qui sont morts ne sont pas jamais partis / Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire / Et dans l’ombre qui s’épaissit. Les morts ne sont pas sous la terre / Ils sont dans l’arbre qui frémit / Ils sont dans le bois qui gémit / Ils sont dans l’eau qui coule…», peut-on entendre entre autres. 

Même si, 20 ans après, le temps n’a pas réussi à user la prestation scénique des deux comédiens, il faut noter l’impression d’essoufflement qui se faisait ressentir par moment dans la voix d’Alain Hema. 

Cette pièce qui dépeint les heurts entre civilisation occidentale et croyances africaines avec un impressionnant jeu d’acteur de Seydou Boro et d’Alain Hema méritent bien le détour.

Jérôme William Bationo



Partenaires

    Vous aimez notre plateforme? Merci de faire un don pour contribuer à son développement !

Faire un don avec PayPal

© OtherSide Africa 2018 par Belélé Jérôme William

bottom of page