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Considéré comme le Che africain, homme d’état emblématique burkinabè (1949-1987), leader et figure charismatique de la Révolution d’août-83, Noel Isidore Thomas Sankara a été assassiné avec plusieurs de ses compagnons lors d’un putsch le 15 octobre 1987. Trente ans après, ses idées n’ont pris aucunes rides face au temps. Nous vous proposons ici quelques extraits de ses discours et interviews...

Citations fortes

« La maladie ne se guérit point en prononçant le nom du médicament, mais en prenant le médicament ».

« Sache que le corps grossier est pour toi ce que la maison est pour le locataire ».

« L'on devient ce que l'on connaît ».

« Tuez Sankara, des milliers de Sankara naîtront ! »

« Comptons sur nos propres forces ! »

« Vivre avec les masses, vaincre avec les masses ! »

« Celui qui aime son peuple aime les autres peuples ! »

« Oser lutter, savoir vaincre ! »

« Vivre en révolutionnaire, mourir en révolutionnaire ! »

« Quand le peuple se met débout, l’impérialisme tremble ! »

« Nous préférons un pas avec le peuple, que 10 pas sans le peuple ! »

« Le système néocolonial tremble quand le peuple devenu maître de sa destinée veut rendre sa justice ! »

« Nous ne pouvons laisser à nos seuls ennemis d’hier et d’aujourd’hui le monopole de la pensée, de l’imagination et de la créativité ! »

Extrait de discours et interviews

« Une jeunesse mobilisée est dangereuse, une jeunesse mobilisée est une puissance qui effraie même les bombes atomiques ». S’adressant aux jeunes à Bobo Dioulasso le 14 mai 1983

« Un peuple conscient ne saurait confier la défense de sa patrie à un groupe d’hommes quelles que soient leurs compétences. Les peuples conscients assument eux-mêmes la défense de leur patrie ». Discours d’orientation politique du 2 octobre 1983

« D’autres avant moi ont dit, d’autres après moi diront à quel point s’est élargi le fossé entre les peuples nantis et ceux qui n’aspirent qu’à manger à leur faim, boire à leur soif, survivre et conserver leur dignité. Mais nul n’imaginera à quel point le grain du pauvre a nourri chez nous la vache du riche ». Discours à l’ONU le 4 octobre 1984

« …L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère… ». Discours à l’ONU le 4 octobre 1984

« Il faut apprendre à l’enfant à être d’abord et avant tout un être social, c’est-à-dire un homme et non un individu ». Interview accordé au journal Al Moudjahid le 12 mars 1985

« Il faut que l’école nouvelle et l’enseignement nouveau concourent à la naissance de patriotes et non d’apatrides. Mettre un enfant à l’école doit cesser d’être perçu comme un simple placement comptable, si tant est vrai que la transformation continue des sociétés qui incombe aux générations successives comporte des éléments quantifiables et non quantifiables ». Appel de Gaoua sur la qualité de l’enseignement le 17 octobre 1986

« On parle du Plan Marshall qui a refait l’Europe économique. Mais l’on ne parle pas du Plan africain qui a permis à l’Europe de faire face aux hordes hitlériennes lorsque leurs économies étaient menacés, leurs stabilités étaient menacées. Qui a sauvé l’Europe ? C’est l’Afrique. On en parle très peu. On parle si peu que nous ne pouvons, nous, être complices de ce silence ingrat. Si les autres ne peuvent pas chanter nos louanges, nous en avons au moins le devoir de dire que nos pères furent courageux et que nos anciens combattants ont sauvé l’Europe et finalement ont permis au monde de se débarrasser du nazisme ». Au sommet de l’OUA à Addis-Abeba le 29 juillet 1987

« La Révolution démocratique et populaire a besoin d’un peuple de convaincus et non d’un peuple de vaincus, d’un peuple de convaincus et non d’un peuple de soumis qui subissent leur destin ». A l’occasion de l’anniversaire de la Révolution le 4 août 1987

« Les révolutionnaires n’ont pas peur de leurs fautes. Ils ont le courage politique de les reconnaître publiquement, car c’est un engagement à se corriger, à mieux faire. Nous devons préférer un pas ensemble avec le peuple plutôt que de faire dix pas sans le peuple ». A l’occasion de l’anniversaire de la Révolution le 4 août 1987

« L’homme qui vit au palais y est parce qu’il a besoin de ce cadre pour des raisons de protocole et de sécurité. Mais il faut des efforts pour avoir son esprit hors du palais ». In Jeune Afrique le 4 octobre 1987

« En tant que dirigeant il vous faut être au dixième étage, ce qui vous permet de voir très loin ; mais de temps en temps, il faut descendre au rez-de-chaussée pour voir également dans la rue ce qu’y se passe ». In Jeune Afrique le 4 octobre 1987

Thomas Sankara sur la dette

« Ceux qui nous ont prêté de l’argent, ce sont eux qui nous ont colonisés ».

« Nous sommes étrangers à la dette, nous ne pouvons donc la payer ! »

« Les masses populaires en Europe ne sont pas opposées aux masses populaire en Afrique. Ceux qui veulent exploiter l’Afrique sont les mêmes qui exploitent l’Europe ».

« La dette ne peut pas être remboursée parce que d’abord si nous ne payons pas, nos bailleurs de fonds ne mourront pas. Soyons-en surs. Par contre si nous payons, c’est nous qui allons mourir. Soyons-en surs également. Ceux qui nous ont conduits à l’endettement ont joué comme au casino. Tant qu’ils gagnaient, il n’y avait point de débat. Maintenant qu’ils perdent au jeu, ils nous exigent le remboursement. Et on parle de crise. Non, Monsieur le président, ils ont joué, ils ont perdu, c’est la règle du jeu. Et la vie continue ». Au sommet de l’OUA à Addis-Abeba le 29 juillet 1987.

Thomas Sankara à propos de la femme

« La libération de la femme : une exigence du futur ! »

« Un homme, si opprimé soit-il, trouve un être à opprimer : sa femme ! »

« La vraie émancipation de la femme, c’est celle qui responsabilise la femme ! »

« Il n’y a pas de révolution sociale véritable que lorsque la femme est libérée. Que jamais mes yeux ne voient une société où la moitié du peuple est maintenue dans le silence. J’entends le vacarme de ce silence des femmes, je pressens le grondement de leur bourrasque, je sens la furie de leur révolte. J’attends et espère l’irruption féconde de la révolution dont elles traduiront la force et la rigoureuse justesse sorties de leurs entrailles d’opprimées » A l’occasion de la commémoration de la journée internationale de la femme le 8 mars 1987


Les Akans sont une population installée principalement au Ghana et en Côte d'Ivoire. On y retrouve quelques membres de cette grande famille ethnique également au Togo. Grand peuple d'Afrique de l'Ouest, faisons un bref retour sur ses traces.

Tête de bronze akan du Ghana

À l’instar de nombreuses populations d’Afrique noire, chez les Akans, on rencontre des traditions et opinions faisant remonter leurs origines à l’Egypte ancienne. D’autres les ramènent même au Moyen-Orient, au Maghreb ou aux empires du Ghana ou du Mali.

Pour l’émérite chercheur burkinabè feu Pr Joseph Ki-Zerbo : "Vers l'an 500, dit une autre légende, des princes Berbères ou des Arabes ou Yémen seraient arrivés sur les bords de la boucle du Niger et ils auraient débarrassé les riverains (pêcheurs Sorko et paysans Gabibi) de la terreur d'un poisson-fétiche, dont les pêcheurs Sorko se servaient pour extorquer de substantielles offrandes à leurs compatriotes cultivateurs, les Gabibi. Ces clans semblent être remontés du Dendi en aval du Niger, où ils avaient baptisé les deux rives ouest et est, respectivement le Gourma et le Haoussa; ils seraient partis originellement des parages du Tchad... Vu la minceur de cet apport extérieur, trois personnages selon la légende du Yémen, quelques groupes de commerçants, d'après Al-Bakri, durent être assimilés rapidement par les Songhaï".

L'opinion des Akan, quant à leur origine, est différente de ces versions. Leur tradition orale ne mentionne nulle part que ce peuple descend de populations de couleur blanche. Ils reconnaissent cependant que leurs ancêtres venaient du nord, d'une région ou d'un pays appelé Agniwan-gniwan. Cependant, de nombreuses localités portent ce nom tant au Ghana qu'en Côte-d'Ivoire. Et pour certains, ce terme désignerait un village abandonné après la défaite des Dinkyra face aux Ashanti. D'autres estiment que si ces localités portent ce nom, c'est en souvenir du pays d'origine situé plus loin dans le temps et dans l'espace.

Les Akan reconnaissent également avoir connu de nombreux déplacements en Afrique de l'Ouest, dû aux guerres de domination que les différentes ethnies se livrèrent tout au long de l’histoire. Aussi, ils s’identifient aux nombreux rapports avec leurs voisins immédiats dont les Gonja, les Mamprusi et les Dagomba au nord, les Krou et les Dan à l'ouest, les peuples Ewé et Ga au sud.

De toutes ces hypothèses, il n’a toutefois pas été possible de prouver l’une d’entre elles de manière convaincante. Toujours est-il que les traditions akans revendiquent une origine septentrionale de leurs ancêtres qui, en arrivant dans l’actuel Ghana, auraient rencontré des populations de langue Guan. Lesquelles auraient eu une influence notable sur la culture et la langue des futurs Akans.

Si un fait demeure certain c’est que les ancêtres de cette population ont vécu au Sahara. C'est de cette région qu'ils descendirent plus au sud en région de savane et de forêt.

Situation géographique

Géographiquement, les peuples Akan occupent le territoire compris entre la Volta à l’Est et le Bandama à l’Ouest, le 8e parallèle Nord et l’Océan Atlantique.

Le Sud et l'Est de la Côte d'Ivoire sont occupés par différentes branches de la famille Akan, les Lagunaires et les Baoulé-Agni, dont le centre de gravité se trouve dans le territoire Akan au sud du Ghana. La majorité des Akans réside au Ghana : ce sont les Ashanti, les Adansi, les Dinkyra, les Brong, les Fanti, les Sefwi, les Aowin, les Nzima, les Akwapin, les Buem et les Kwahu.

En Côte d'Ivoire, situé précisément au centre-est et au sud-est de la Côte d'Ivoire, le groupe Akan est réparti territorialement en trois grands groupes que sont : les Akans lagunaires, les Akans forestiers et les Akans du centre.

Couple en tenue akan de Côte d'Ivoire - par Kolo Rachelle Kamara

Ils constituent un groupe de peuples parmi lesquels on situe les Bron, les Ashanti, les Baoulé les Agni, les Appolo, les Attié, les Abbey, les Abidji, lea Adioukrou, les Alladian, les Abouré, les M’Bato, les Ebrié, les Avikam, les Tchokossi, etc.

Les Akans sont généralement organisés en «royaumes». La charge suprême – comme celle des responsables de famille – est héréditaire, transmise par voie matrilinéaire. Elle est exercée, en association, par un homme et une femme. Les Akan se caractérisent aussi par leur système de dation du nom lié aux jours de naissance.

Prénoms akan par jour de naissance respectivement pour les filles et les garçons:

Lundi - Kissié / Kwadwo

Mardi - Djolè / Kwabena

Mercredi - Mlan / Kweku, correspondant à Amlan et Konan chez certains

Jeudi - Wouhé / Yaw

Vendredi - Ya / Koffi ou Aya (fille) et Yao (garçon)

Samedi - Foué/ Kwamé ou AFi

Dimanche - Monnè / Akwesi

Les Akan parlent une même langue, le twi, avec de nombreuses variantes dialectales. Selon les sources et le contexte, on rencontre différentes formes : Acanjj, Akani, Akanny, Akans, Hecanny. Ils se reconnaissent une même origine immédiate, le Bassin du Pra Ofin, dans l’actuel Ghana.


Il est de ceux qui pourront se laisser à trépas juste pour leur passion. Face à l’extrémisme des uns sur la liberté de tous, cet amoureux de la musique n’a eu de résolution que fuir sa patrie. Réfugié au camp de Mentao au nord du Burkina, de là-bas continue son histoire avec l’art.

« Je suis arrivé ici le 12 février 2012 à Ouagadougou. Nous avons été d’abord hébergé au stade du 4-aout pour 4-5 mois avant d’être logé à Somgandé durant une année et demie, puis à Sanyogo, et enfin au camp de refugiés de Mentao », se souvient-il comme si c’était hier. Lui, c’est Sidi Mohamed Ag, la crise dans son pays, le Mali l’a éloigné des siens depuis plusieurs années. Mais dans ce camp de Mentao, au nord du Burkina Faso, où il a le statut de réfugié, Sidi n’est pas resté inerte face à sa destinée. Il a décidé de faire face grâce à l’art, son compagnon de toujours, qu’il a d’ailleurs étendu dans le cadre du projet Artiste africain et Développement (AAD), du chorégraphe burkinabè Salia Sanou où il était en phase de perfectionnement.

« Avec ma formation j’ai découvert d’autres acteurs de divers pays et de différentes cultures ; toute chose qui me nourrit dans mon art et dans mon vécu » dit-il. Et c’est de cette nouvelle vision de la vie que viendra sa rencontre avec un jeune chanteur et musicien burkinabè de renom, Patrick Kabré, qui agrémente depuis quelques années les scènes musicales aussi bien dans son pays qu’en Afrique et ailleurs.

Ouaga-Boni : un projet de cœur

En 2016, Patrick Kabré se rend dans le camp de réfugiés de Mentao, où il réalise un concert pour le jeune public. Dans ce village vivent une dizaine de milliers de réfugiés Maliens sur la trentaine de mille que compte le Burkina Faso. Cette expérience et les conditions de vie de ces populations vont marquer profondément l’artiste, comme, plus tard, il le signifiera. Il cherche donc à développer des projets culturels afin que l’opinion publique y jette un regard. C’est ainsi qu’il rencontre Sidi, dit-il, cet amoureux des arts notamment de la musique qui a dû fuir son Mali natal pour trouver refuge au Burkina Faso.

Ensemble, ils décident de porter Ouaga-Boni, un projet de musique et de sensibilisation, dont le nom fait référence à Ouagadougou, la capitale du Burkina qui l’a accueilli, et Boni de par où il est passé. Avec leur trouvaille ils vont monter sur scène avec un message pour une cause universelle, celle des droits de l’homme. Mais surtout pour changer le regard sur les Touaregs qui font face à une stigmatisation grandissante.

« La situation est de plus en plus difficile pour nous, avec le terrorisme, comparativement aux années précédentes. On ne peut en vouloir au Burkina Faso, c’est une conjoncture sous-régionale, voire mondiale. Quand on dit, par exemple, qu’un groupe touareg a fait un attentat, le regard se porte sur toute la communauté. Et de nos jours, le regard des gens a changé quand ils voient un touareg enturbanné », explique Sidi avec tristesse. Avant d’ajouter que néanmoins il garde la foi car « avant tout le turban est de notre culture touarègue et nous ne pouvons que vivre avec cela ».

Avec la concrétisation de Ouaga-Boni, un album de musique voit le jour avec du rock Mossi et du blues Touareg en hommage aux réfugiés. Aussi, Patrick et Sidi se déplacent dans des écoles burkinabè où ils réalisent des ateliers à destination des enfants, dans les villes et villages du pays afin d’enseigner la tolérance et contrer l’extrémisme violent. Ils ambitionnent d’ailleurs porter leur message au-delà des frontières car la musique est un symbole de liberté et d’émancipation et il ne peut avoir de parfaits supports de communication que celle-ci, disent-ils.

Une crise ancrée dans les esprits

Si Sidi a trouvé un chemin en s’exprimant à travers l’art, ce n'est pas pour autant qu’il a tout oublié de la crise dans son pays dont il se remémore les affres encore fraiches dans son esprit. « La situation était très tendue au Mali avec le conflit. Au début nous avons cru que c’était juste la rébellion avec quelques revendications, mais très vite nous nous sommes rendu compte que c’était des islamistes qui veulent nous imposer la charia ». Ne pouvant donc pas supporter cette manière d’imposer la vie à autrui, il a préféré fuir chez lui à Tombouctou pour se retrouver au Pays des hommes intègres. « De Tombouctou je suis allé à Boni puis de là-bas je suis arrivé à Djibo et enfin à Ouagadougou ».

Il faut rappeler que tout d’abord en 1990 il était déjà au Burkina en tant que réfugié. « J’avais 7 ans environ à cette époque et en 2012 je n’ai pas eu peur de revenir car j’ai gardé depuis ce pays dans le cœur. Le Burkina Faso est un pays qui m’a fondamentalement touché dans la vie. À chaque difficulté chez nous (Ndlr : Mali) quand on vient, les portes sont toujours ouvertes pour nous et nos familles » dit-il reconnaissant.

Cependant, avec une once de regret et d’amertume, il n’hésite pas à donner son avis sur le problème de sa communauté qui perdure depuis plusieurs décennies. « En tant que Touareg, je comprends les raisons politiques et économiques de certaines luttes. Mais pour moi on peut mieux revendiquer avec d’autres moyens. On peut le faire à travers l’éducation, les arts et la sensibilisation mais non avec les armes ».

Et d’ajouter que « ce que j’apprends ici, j’aimerais bien le développer plus tard chez moi pour contribuer à ma manière à une stabilité du Nord-Mali car il ne faut pas rester enfermé mais s’ouvrir au monde et à d’autres cultures pour pouvoir avancer ». Pour lui, comme le disait Renaud Donnedieu De Vabres : « La culture est un antidote à la violence, car elle nous invite à la compréhension d’autrui et féconde la tolérance, en nous incitant à partir à la rencontre d’autres imaginaires et d’autres cultures », il n’y a de salut qu’à s’accepter avec nos différences.

Comme quoi Sidi est un exemple de bonne raison d’apprendre l’art et la culture dans tous les secteurs de la vie. « J’aime le Burkina mais je compte retourner chez moi quand il y aura la paix et la stabilité pour partager mon expérience », un vœu qui lui est très cher, dit-il.

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